Chapitre 4 : Un métier comme un autre... Ou pas.
"Dans les ombres, ce fut d'abord mon efficacité qui fut connue, puis ma cruauté, et enfin le lieu où me contacter. La police connut la même chose, sauf le dernier détail. Et pendant les périodes creuses, je devais faire en sorte que les pistes soient brouillées. Meurtres gratuits, menaces, changement d'apparences. Un véritable calvaire pour les forces de l'ordre."
"Alors? Comment a-t-il pu entrer? demanda la commissaire Elisa.
_ Sûrement par la fenêtre là bas, madame, dit un membre de la police scientifique. D'ailleurs, j'en suis convaincu.
_ Ce ne sont pas vos convictions qui nous feront avancer."
Elle s'approcha de ladite fenêtre, et regarda en bas.
"Mais, s'il est rentré par ici, comment a-t-il pu l'atteindre? Les murs sont en béton, et ils sont crépis. Il n'aurait jamais pu escalader jusque là.
_ Un voisin insomniaque dit pourtant le contraire.
_ Rien n'est moins sûr qu'un témoignage visuel.
_ Il est formel : sa fenêtre est juste face à l'arête du batiment. Il voyait sa silhouette se découper sur le fond lumineux de la ville.
_ Comment... ?
_ On ne sait pas."
***
Phazagan, grâce au savoir de sa première cible, avait pu pirater les fréquences de communications de la police, et en avait trouvé une réservée à l'enquête le concernant. La police ne savait pas trop où chercher, ni que chercher. Elle en était à demander aux grands escaladeurs comment ils franchiraient une telle distance, et avec quel équipement, lorsque l'elfe noir se préparer pour sa prochaine cible. Il n'avait pas de contrat, mais le témoin était gênant, et il pourrait ainsi continuer la décoration.
Il passa sa vieille arbalète de poing à répétition au poignet, et la chargea. Il prit ensuite l'un des pistolets du môme, auquel il ajouta un silencieux, et le mit dans un holster qu'il créa avec son armure sur la jambe. Enfin, il prit les clés de la voiture du feu propriétaire de la planque, et monta à bord de la voiture de sport.
Celle ci avait été visiblement améliorée. D'abord, tout l'intérieur avait été revu. La garniture latérale avait été retirée pour faire place à plusieurs feuilles d'acier rivetées. Le tableau de bord accueillait en plus des cadrans habituels, un système de Vue Tête Haute, pour afficher les données de l'ordinateur de bord. Aussi, la plupart des commandes étaient au volant. Ensuite, les portes avaient été légèrement transformées pour recevoir un point d'ancrage pour les mitrailleuses. Les sièges arrière avaient été retirés pour y installer des râteliers d'armes. Phazagan soupçonnait les vitres d'être pare-balles, mais il préférait ne pas les mettre à l'épreuve. Enfin, apparemment, il y avait un système de propulsion électrique, branchée sur des batteries disposées à l'arrière du véhicule. Le seul point négatif aux yeux de Phazagan était le manque de sobriété du véhicule.
L'elfe tourna la clé dans le démarreur, et un rugissement sortit du moteur. La porte de la planque s'ouvrit toute seule, et il sortit doucement. Elle se referma derrière lui. L'assassin quitta l'usine désaffectée sur les chapeaux de roue, et fila vers l'appartement du témoin.
C'était le soir, vers 22 heures, l'heure à laquelle la jeunesse sortait de chez elle pour rejoindre les bars, discothèques et autres, et le prince n'eut pas de mal à se fondre dans le décors avec sa voiture, bien qu'il vit plusieurs personne s'y intéresser de trop près. Il s'engagea sur l'avenue principale du quartier, et accéléra jusqu'à atteindre la vitesse maximale à laquelle il pouvait conduire sans danger, soit le double autorisé. Il ne fit pas attention à la patrouille de police qui le flasha a 180km/h, ni à l'hélicoptère qui le suivait discrètement.
Phazagan jura en voyant le barrage de police devant lui, et fit demi tour au frein à main, avant de repartir vers l'est. Deux voitures s'élancèrent à sa poursuite. La densité de la circulation l'empêchait de distancer ses poursuivants, mais la voiture se comportait parfaitement, même si l'elfe noir arracha plusieurs rétroviseurs en serrant un peu trop les autres véhicules. Il quitta rapidement les avenues pour s'enfoncer dans les rues étroites.
En dix minutes, le quartier était bouclé, et l'hélicoptère le sommait de se rendre. Phazagan s'arrêta sur un parking non éclairé, après avoir tenté plusieurs fois de passer les barrages. Le projecteur de l'hélicoptère l'aveuglait, et il leva la main pour se protéger les yeux. Dans le mouvement, il appuya sur la gâchette de son arbalète, et le projecteur explosa en une cascade d'étincelles. Profitant du noir, il remonta dans sa voiture, et sortit du parking à toute vitesse.
[Ici aiglon deux, crachouilla la radio. Il s'enfuit vers le nord, par la rue Dophin. Il est armé. Je répète : il est armé.
_ Ici Rhino Alpha. Reçu. Je préviens les buffles.]
L'elfe changea de fréquence pour entendre les ordres.
[Troupeau trois, vous vous redéployez le long de l'avenue Dorimel.]
L'assassin se dirigea vers les forces de et lorsqu'il fut à vue, il pénétra à nouveau dans les ruelles, de plus en plus fréquentées par les gens voulant éviter les barrages. Un instant après, il se retrouva avec une voiture devant lui, et une autre derrière. Il s'arreta entre les deux, sur une placette. En attendant que les deux véhicules arrivent, il modifia l'apparence de son armure, afin d'avoir une morphologie semblable à celle d'un homme baraqué. Il créa aussi l'équivalent d'une cagoule, avec juste des trous pour les yeux.
Les deux voitures de police n’avaient qu'un chauffeur. Les deux hommes bloquèrent les sorties avec leur voiture, et sommèrent Phazagan de sortir, ce qu'il fit docilement. Suivant les injonctions des deux hommes qui braquaient leurs armes sur lui, il s'agenouilla, et mit les mains sur la tête.
L'un des gars s'approcha de l'elfe, et tenta de lui passer les menottes, mais après avoir essayé deux minutes il appela son collègue.
"Hey, Deckar! Ramène toi, mes menottes ne répondent plus.
_ Débraille, j'arrive."
Le prénommé Deckar rangea son arme et s'approcha. A peine la main de celui ci avait quitté la crosse du pistolet, Phazagan se releva, et agrippa le flic le plus près de lui pour le prendre en bouclier humain. Il leva sa main libre qui avait décroché le pistolet qu'il avait, et tira une balle qui transperça le crâne de Deckar.
"Mais... Vous... Vous allez le regretter... Quand nos collègues vous chercheront, ils tireront à vu après avoir trouvé le cadavre. On a donné votre signalement.
_ Et alors? fit Phazagan d'une voix narquoise."
Il délesta sa victime de son pistolet de service et de sa radio portative.
"Vous, reprit il, vous m'avez signalé tel que tu me vois maintenant... Alors que je suis... (Phazagan reprend sa "forme" originale.) comme ça..."
Le flic de la brigade routière pâlit devant cette transformation. Phazagan l'assomma d'un puissant crochet au menton, et le chargea dans le coffre de la voiture, où il mit le corps de Deckar, après l'avoir vidé de ses boyaux. Il referma le coffre, et alla vers les voitures de polices qui bloqué le passage. Comme il le pensait, les clefs étaient encore dessus. Il les déplaça, et les gara non loin de la sienne. Il prit bien soin de les piéger avant de rejoindre sa voiture, et de quitter l'endroit.
Pendant qu'il roulait doucement dans les petites rues, il entra une commande dans l'ordinateur de bord, et obtint plusieurs adresses, dont le plus proche était à, à peine, deux rues. Il tourna à gauche, roula sur 100m, et tourna à droite pour rentrer dans une impasse se terminant par un petit garage miteux, où de la lumière filtrait des vitres crasseuses.
L'assassin se gara silencieusement à coté de la porte, et entra dans l'entrepôt reconverti. Il héla un des hommes qui travaillait par dessus le moteur d'une berline.
"Toi, là! J'ai besoin que vous me refassiez la peinture de ma bagnole.
_ Ouais, l'patron a entendu l'flics. Y a préparé la chamb'. Z'avez qu'à y foute vot' caisse, y vous l'peindra.
_ Elle est cette "chambre"?
_ C'est c'te porte là."
Phazagan remonta dans la voiture, et la mena devant la porte indiquée, qu'un homme en tenue type NBC ouvrit. Phazagan, la main sur son pistolet, entra en guettant une éventuelle embuscade. Il s'arrêta lorsque l'homme le lui dit, et sortit de la voiture.
"J'vous la fait comment? fit une voix étouffée par le masque respiratoire
_ En noir.
_ Et?
_ Et quoi? Je veux juste une peinture noire, discrète.
_ Noir mat donc?
_ Si vous avez, oui.
_ OK. Mettez vous dans l'petite pièce à coté.
_ D'accord..."
L'elfe déchu entra dans la pièce vitrée qui n'était pas plus grande qu'un placard, en étant moins pratique. En à peine cinq minutes, la voiture était complètement repeinte.
L'homme ventila la pièce principale, et fit signe à son client de sortir. Il enleva son masque et rabaissa sa capuche, laissant voir un visage âgé, et en ce moment troublé.
"Qu'y a t il?
_ J'ai cru entendre quelqu'un crier à la mort quand je peignais...
_ Vous êtes sûr que ce n'était pas votre pistolet à peinture? fit Phazagan, innocemment.
_ Certain... Je crois que c'est l'age...
_ Mais non, c'est sûrement la fatigue ça...
_ Peut être...
_ Bon, je vous dois combien?"
Le garagiste le lui dit, et l'elfe paya en liquide. Il quitta doucement le garage, et partit vers le logement de la cible de ce soir en prenant garde à respecter les limitations de vitesse.
***
La porte de l'appartement s'ouvrit, et un petit homme en robe de chambre et à l'air endormi apparu.
"Pour une fois que je dormais, grommela-t-il avant de levait les yeux et de pâlir."
Phazagan le repoussa chez lui, et referma la porte derrière lui.
"Vous auriez mieux fait de rester au lit, cette nuit là...
_ Qu'aller vous faire?
_ Dans tout les cas, vous tuez. Mais je vous laisse le choix du comment.
_ C'est à dire? demanda l'homme, en devinant un marché non évoqué.
_ Vous vous suicidez avant demain matin, et votre famille est sauve. Sinon, je viendrais vous apportez une mort violente à tous. Et si vous tentez de fuir, vous mourrez aussi, mais pas de mort violente, et pas tout de suite...
_ Il n'y a pas d'autres solutions n'est ce pas?
_ Si je pourrais vous tuez maintenant, mais j'imagine que vous voudriez dire au revoir avant de quittez ce monde...
_ Certainement... Mais nous nous retrouverons.
_ Je ne crois pas mon cher, même pas dans la mort..."
L'assassin sortit de l'appartement, et regagna sa voiture en enjambant les corps des deux policiers qui protégeaient l'immeuble du témoin principal. Il rentra chez lui en faisant de multiples détours pour vérifier qu'il n'était pas suivi.
***
Phazagan attacha le policier capturé à une canalisation de vapeur qui passait dans le coin de sa planque. Celui ci avait une vue large sur un lieu qui commençait à prendre une apparence démoniaque. Devant lui, l'Elfe Noir découpa le corps de son collègue.
Il prit bien soin de ne pas abîmer la viande, qu'il mit de coté. La peau, il la suspendit au dessus de la télévision, après lui avoir fait un subir un enchantement mineur de conservation, qu'il connaissait depuis si longtemps qu'il ne se souvenait quand il avait appris cette gamme de sort. Puis il fit un enchantement similaire sur la viande, qu'il plaça dans son frigo, en vue d'une consommation ultérieur. Il disposa les ossements dans entre les divers tuyaux qui ressemblait de plus en plus à des murs de catacombes. Enfin, il s'assit, en face du flic avec la tête de Deckar, qu'il commença à transformer en lampe. Devant le regard horrifié de sa victime, il évida la tête. Une fois, la cavité grattée jusqu'à l'os à l'intérieur, il enleva la peau et les muscles à la surface du crâne. Il finit par retirer les yeux, qu'il accrocha immédiatement près de l'atelier à munitions. Il revint s'asseoir avec un peu de matériel. Il prit une feuille d'aluminium qu'il plaça à l'intérieur du crâne, afin de mener le plus de lumière possible vers les orbites évidés. L'elfe enchâssa ensuite une lampe articulée de puissance moyenne. Il la brancha sur une prise non loin et l'alluma. Deux pinceaux de lumière sortirent des orbites pour éclairer comme une lampe de bureau.
"Parfait, fit Phazagan, avant de se tourner vers le policier. Elle est bien, hein?"
La seule réponse que donna le capturé fut une crise de vomissement, alors qu’un rire démoniaque envahissait la pièce.
***
"Alors?
_ Suicide.
_ Vraiment? Et les deux gardes qui étaient en bas?
_ Arrêt cardiaque...
_ Ba voyons... Et une téléportation pour les deux membres de la routière j'imagine?
_ Quasiment... Par contre, c'est certain que c'était un piège pour le gars de l'anti-gang qui a voulu ramener la première voiture à commissariat.
_ Ca, je n'ai pas eu besoin de vous pour le deviner..."